mardi 9 août 2022

Le chemin des neuf mondes

« En 1985, le géographe et alpiniste Éric Julien entreprend une expédition dans les montagnes de Colombie. C'est là qu'il découvre les Indiens Kogis : victime d'un œdème pulmonaire, le jeune homme est sauvé par cette peuplade qui le soigne avec des plantes et des connaissances d'un autre temps. De retour à Paris, il découvre que ces Indiens sont les derniers héritiers des grandes cultures précolombiennes. (...) »

Extraits :

« Impression curieuse d'être le spectateur de sa propre vie, un spectateur inerte qui n'envisage pas une seconde qu'il peut choisir sa vie, en être acteur, et lui donner le sens qu'il désire. Et puis, que faire d'une telle liberté, d'une telle découverte ? Ce n'est pas tout d'être libre, encore faut-il pouvoir en faire quelque chose. Un jour, un ami m'a dit avoir été étonné par un oiseau à qui il avait ouvert la cage et qui ne s'envolait pas : « C'est curieux, il préfère sa cage dorée à la liberté. » La cage, on en connaît les limites, contre elles on peut se dresser, mais la liberté ? Parfois, la vie, cette magicienne, vous amène l'air de rien à sortir le nez, puis une main, puis l'autre, puis une jambe, puis le corps entier de votre cage. Lorsque, hasard ou nécessité, elle vous oblige à vivre, à naître, puis renaître encore à la conscience du monde, lorsqu'elle tisse devant vous ce chemin invisible qui relie les choses et les êtres, alors là... »

« S'il y a bien un point qui différencie nos sociétés occidentales de celles des Kogis, c'est bien celui de la verbalisation, de cette préoccupation permanente d'éviter les nœuds, les blocages, les non-dits qui déséquilibrent les hommes et les organisations. Cette volonté de faire circuler les mots, les énergies, les émotions, comme la terre qui se doit d'assurer la circulation de l'air, de l'eau, des courants et de l'énergie. La non-verbalisation entraîne la cristallisation de la colère, de la peur, de la souffrance, une cristallisation qui s'autoalimente jusqu'à la rupture. Là où les Kogis essaient d'anticiper ces ruptures, nos sociétés les subissent.
Dans nos sociétés occidentales (entreprises, familles, organisations, entendues au sens large du terme), il est très difficile pour les acteurs concernés de dire et de verbaliser leurs sentiments, peurs, limites, enjeux. Manque d'humilité, lâcheté, ignorance, colère, jalousie, parfois même indifférence, parce que non identifiés et non gérés, la diversité des sentiments humains nourrit et déforme les relations jusqu'à provoquer des déséquilibres majeurs qui peuvent s'incarner soit dans des conflits larvés ou violents, soit dans la création d'espaces de "non-dits" rapidement nourris par des interprétations, projections qui amplifient les phénomènes et les rumeurs.
Apprendre à identifier ses situations (personnelles et collectives), reconnaître les sensations, émotions, enjeux, sentiments qui les font vivre, leurs origines profondes, le contexte dans lequel elles s'inscrivent, les verbaliser, les exprimer, les partager, les gérer et gérer les réactions que cela peut susciter représente sans doute l'un des enjeux majeurs de nos sociétés occidentales. »

« La vie est simple, mais l'esprit humain a une capacité incroyable à la rendre compliquée, à nourrir des chimères qui gonflent et s'auto-alimentent jusqu'à devenir des entités douées d'un sens et d'une logique propres. Pauvres constructions, représentations au nom desquelles les hommes s'affrontent et oublient la simple et belle réalité du monde. Car tout est là, écrit autour de nous, accessible aux yeux et au cœur de celui qui accepte de voir, de sentir et d'entendre. Le vent, qui nous enseigne sa légèreté, qui nous parle de rencontres, de voyages, de diversités. Les arbres qui s'élancent vers le ciel et enfoncent leurs racines au plus profond de la terre, acteurs lumineux qui relient le ciel et la mère. La rose dont la fleur tendre et délicate offre son parfum sans rien attendre en retour. L'eau et la mer qui nous enseignent l'unité et le mouvement. »


Une belle lecture que je vous recommande. 


2 commentaires:

  1. Bonjour Françoise. Ça m'intéresse ! En retour, je te conseille de lire « Les yeux de ma chèvre » et « La nuit, les yeux ouverts » de Eric de Rosny...

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    1. Bonjour Philippe. J'ai regardé sur le site de la médiathèque où je vais, si ces deux livres s'y trouvaient, mais non, il ne me restera plus qu'à les acheter. J'ai lu le résumé de chacun, ils devraient me plaire. :-)
      Belle journée à toi.

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Merci pour vos petits mots que j'apprécie infiniment.

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