« D'une écriture incisive et empathique, Jeanne Benameur brosse le portrait de tous les acteurs d'un collège de banlieue avant les émeutes, questionnant leur présence vive. Avec émotion, elle débusque les symboliques occultées du monde scolaire et les drames intimes de chacun : une brèche s'ouvre pour une pédagogie à rebours de tous les tabous. »
Extraits :
- « Un rêve, c'est une force, il le sait. Avec la force des rêves, on va. Et si on n'atteint pas le rêve, cela n'a pas d'importance parce qu'on a quand même fait du chemin et en chemin on se rencontre soi-même, et c'est ça, œuvrer pour vivre. Ne soyons pas raisonnable. Surtout pas. Quand il s'agit de choisir pour quoi on va se lever chaque matin, il ne faut pas être raisonnable, il faut être un vrai rêveur de sa vie. Il faut dépoussiérer le rêve. Il faut le voir, le contempler, en aimer la forme. C'est cela la vie et rien d'autre. C'est avec ça qu'on a de la force pour aller vers les épreuves, les autres, les portes blindées. »
- « Il n'y a pas de cours de joie dans les écoles et c'est dommage. On n'apprend à personne à cultiver ces moments éphémères de présence totale, radieuse, au monde, il faudra s'en souvenir, seul. C'est peut-être pourtant la seule leçon qui vaille la peine d'apprendre. »
- « D. s'est arrêté d'écrire, les yeux dans le vague. Elle ignore tout de son texte. Elle le respecte seulement. C'est une minuscule œuvre dans le monde, quelques lignes sûrement maladroites et sûrement bourrées d'erreurs orthographiques mais c'est une œuvre infiniment respectable. En cherchant ses mots, le jeune homme fait des pas. Il se risque. Il dépasse la peur. Il apprend que la langue n'est pas faite seulement pour remplir des formulaires ou sélectionner les bons des mauvais. Les mots peuvent nous conduire. Loin. En toute liberté. Les mots nous révèlent. On grandit en écrivant, en lisant. Parce qu'on prend le risque de connaître. »