lundi 18 mars 2019

Celle que vous croyez

Hier soir, je suis allée au cinéma voir : "Celle que vous croyez", un film de Safy Nebbou, avec, dans le rôle principal, une Juliette Binoche magistrale et fascinante. Un sujet grave et tellement d'actualité...

Les réseaux sociaux. La virtualité. Les échanges. Le jeu. La séduction. L'amour. Les fausses confidences. Les engrenages du mensonge. La désillusion...


Télérama
La critique par Guillemette Odicino

« Pour épier son ex, Claire, quinquagénaire, se fait passer sur Facebook pour Clara, 24 ans. Un thriller savamment construit, surprenant de bout en bout.

Un jour, Claire est larguée par son jeune amant Ludo. L’humiliation est douloureuse pour cette universitaire de 50 ans, déjà quittée par son mari. Est-ce le début de la fin de sa vie amoureuse ? Pour épier Ludo, elle crée un faux profil Facebook : photo volée à l’appui, elle devient Clara, 24 ans, éclatante de charme et de jeunesse. Contactée par Alex, le coloc de Ludo, Claire se prend au jeu de la séduction virtuelle. Il tombe amoureux. Elle aussi. De subterfuges en fantasmes, Claire s’illusionne, perd pied. Mis à part les années, cet avatar n’est-il pas vraiment elle-même ?

Le thème du double inspire Safy Nebbou. On se souvient de L’Empreinte de l’ange (2008) où Catherine Frot décidait de devenir mère à la place d’une ­inconnue. Et de L’Autre Dumas, en 2010, où Auguste Maquet, le nègre d’Alexandre Dumas, se faisait passer pour l’écrivain afin de séduire une femme. Se cacher derrière une nouvelle identité pour se réinventer, ou pour voler un bonheur auquel on pense avoir droit : cette obsession tenaille Claire. En adaptant le roman de Camille Laurens, le réalisateur aborde plusieurs vertiges : la peur de vieillir, bien sûr, et de l’abandon, mais aussi le mystère amoureux, où les mots et la voix de l’être désiré comptent autant que l’enveloppe charnelle. Le réalisateur donne, d’ailleurs, une construction savante au récit, surprenant jusqu’à la fin, et entretient le suspense par sa mise en scène des messages écrits et des appels téléphoniques. De même, une thérapeute-confidente ­(Nicole Garcia) finit par prendre des ­allures de détective, sur la belle musique de polar signée Ibrahim Maalouf.

 Plus que la toxicité des réseaux sociaux où tout peut s’inventer, c’est bien le mensonge, aux autres et à soi, qui est décortiqué dans ce thriller romanes­que et singulier. Face à François Civil, parfait en romantique moderne, Juliette Binoche a rarement été aussi fascinante : égarée ou sensuelle, elle fait fusionner Claire et Clara dans son apparence même, comme si l’amour la rajeunissait. Une nouvelle Mme de Merteuil pour ces liaisons dangereuses virtuelles. »

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10 commentaires:

  1. Oui j'ai beaucoup aimé ce film, superbement joué par Juliette Binoche. une sacrée réflexion sur l'usage des réseaux sociaux. tant de gens utilisent leur « pseudo anonymat » en se croyant abrité derrière une impunité totale...Et tout cela pour dire ou faire du mal.
    C'est tellement facile d'embrouiller les gens...
    Bisous belle d'âme
    •.¸¸.•*`*•.¸¸☆

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    1. Oh oui, Célestine...
      Bisous à toi aussi, ma douce.

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  2. Je viens de regarder, il passe à Lyon. Je vais sans doute craquer, le thème me tente beaucoup... Et l'actrice également.

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    1. Je suis sûre que tu aimeras, Pastelle. :-)
      Tu me diras.

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  3. Ça me tente aussi d’aller voir ce film. Merci pour le partage.

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    1. Il passera peut-être en Suisse.
      Si oui, vas-y, Trainmusical ! :-)

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  4. Le film est excellent : un thriller palpitant, une esthétique épurée, une caméra centrée sur les visages. Certes, le film pointe du doigt les dérives et les abus dont les réseaux sociaux peuvent être le théâtre virtuel (dérives de plus en plus dénoncées un peu partout). Mais je trouve qu'il va au-delà : il raconte l'histoire pathétique d'une femme qui souffre d'avoir été abandonnée, qui en souffre jusqu'au délire.
    Le visage de Juliette Binoche exprime tour à tour le désarroi, les ravages du temps, la fragilité intense, et, à d'autres moments, la jeunesse, la candeur, l'enthousiasme quand elle devient le jouet pitoyable de son propre mensonge. Par de petits tics, des frémissements d'un œil, d'une lèvre, elle parvient à montrer combien il est dur d'être "débarquée", de se sentir seule et "vieille" (malgré le fait d'avoir des enfants et un métier) dans une société qui valorise la jeunesse jusqu'au délire. Ce film, est-ce qu'il ne raconte pas tout simplement la douleur de ne pas se sentir aimée, version 21ème siècle ? Une douleur tellement forte, qu'on en serait prête à faire n'importe quoi ( avec les outils virtuels à disposition) et à devenir la proie de n'importe qui n'importe quoi ?
    Ce drame de ne pas être aimée, qui peut atteindre tout un chacun, je crois qu'il est encore plus cruel pour les femmes, parce qu'elles sont encore plus soumises que les hommes aux exigences du jeunisme. Les deux actrices qui se font face sont au sommet de leur art (Juliette Binoche a bien su négocier le tournant de la cinquantaine et retrouve des rôles à sa mesure. Quant à Nicole Garcia, elle exprime admirablement une multitude de sentiments avec un jeu très sobre). J'ai apprécié de voir leurs visages en gros plan, avec leurs rides et leur vérité. Du grand art, assurément.
    Je suis sortie en repensant au titre d'un autre film : "l'important, c'est d'aimer". J'ai trouvé que l'amour manquait cruellement dans toute cette histoire.

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    1. Une très belle analyse, Dad, j'aime beaucoup quand tu le fais car tu le fais très bien. Tu trouves les mots justes, et tu décris très bien ce qu'a pu éprouver et ressentir cette femme. Merci pour ce commentaire. Je pense que ce film t'a touchée autant que moi et que nous avons senti très fort au fond de nous cette souffrance, ce besoin d'amour, ce mal de l'abandon.
      Je me souviens très bien de ce film "L'important c'est d'aimer" avec Romy Schneider et Jacques Dutronc, entre autres. Ce film m'avait bouleversée.
      Belle fin de journée, Dad.

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Merci pour vos petits mots que j'apprécie infiniment.

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