dimanche 18 septembre 2016

« Parce qu'il rend un peu de vie aux défunts... »

Pour​ Célestine et pour Pascal :

« Parce qu'il rend un peu de vie aux défunts, leur permet de survivre dans notre pensée, le souvenir soigne la perte. Il la colmate en empiétant un peu sur la béance de l'absence. Au début, la mort et la douleur causée par la séparation définitive envahissent tout ; on ne perçoit que le manque, l'absence du disparu. Puis, peu à peu, la pensée recrée la présence, la douleur est infiltrée de réminiscences de moments heureux partagés, les morts redeviennent vivants dans nos souvenirs. Finalement, on se surprend à continuer une relation affective avec les morts qui nous sont chers. La vie nous a séparés, mais le lien perdure au-delà de la disparition. Et, inconsciemment, nous faisons tout pour préserver ce lien. Il y a une fidélité aux personnes disparues qui n'a rien à voir avec la pathologie. On la provoque, on l'entretient. Il suffit par exemple qu'une grand-mère meure pour qu'on évoque avec émotion sa confiture de cerises ou ses pommes de terre sautées à l'ail. Quelle que soit la saveur des confitures et des pommes de terre que l'on pourra manger par la suite, on les trouvera toujours moins bonnes, simplement parce qu'elles n'ont pas été cuisinées par la grand-mère. Les vivants ne feront jamais les choses comme le faisaient les morts, et c'est tant mieux. C'est une façon de garder une place aux défunts, de continuer à les faire vivre, de reconnaître qu'ils sont irremplaçables. »
-> Marcel Rufo - extrait de son livre : "Détache-moi !" (pp. 153-154)
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19 commentaires:

  1. Et oui comme le dit la "sagesse populaire" :
    c'est toujours les meilleurs qui s'en vont !

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    1. En ce qui concerne la mort, Théo, tout le monde est sur le même pied d'égalité...

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  2. Très joli texte Françoise sur le souvenir d'un proche, d'un ami, d'un parent disparus. Il nous reste toujours cette survivance de l'être perdu, particulièrement lors de son anniversaire, d'un besoin fort de le rappeler à ses souvenirs pour un fait donné, une recette de confiture comme tu l'as dit Françoise. En fait nos très chers parents ou amis ne meurent jamais dans notre esprit. Bisous Françoise

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    1. En effet, Bizak, ils ne meurent jamais dans notre esprit. Tant que nous continuerons à parler d'eux, ils seront présents.
      Bisous à toi aussi.

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  3. toujours dubitatif sur ces "enfonceurs de portes ouvertes" même bardés de titres.
    Je suis un hermétique bourrin et les psy de tous poils suscitent en moi la méfiance.
    Bzzz...

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    1. Les psy ne disent pas que des "conneries", le bourdon. :-)
      Bonne soirée, bises.

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  4. J'aime ces mots qui décrivent exactement ce que je ressens. Ils apaisent. Vivre avec les souvenirs, cela peut devenir très doux. Merci.

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    1. Oui, et des mots apaisants, nous en avons besoin.
      Bonne soirée, Mel. Merci à toi.

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  5. C'est un sujet fort important, douloureux mais aussi apaisant dont tu nous narres les données de jour ,Françoise. Il est vrai de dire que les morts redeviennent vivants dans nos souvenirs. La pensée ne les fait jamais disparaître . Nous continuons à les faire vivre et le lien demeure et comme je pense que la mort n'est pas une fin , tout se poursuit encore . Reste l'absence. J'ai ,d'ailleurs écrit à ce sujet sur mon dernier CD , une chanson sur ma mère disparue il y a trois ans pour la faire revivre encore ...

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    1. Les rêves permettent aussi de ne pas les oublier, car ils s'invitent bien souvent, et pour ma part, je les retrouve avec extrêmement de plaisir.
      Bonne soirée, Jerry, et merci.

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  6. Eh oui, on se souvient de nos chers disparus surtout pour les bons souvenirs et effectivement, nos grands-mères excellaient dans les bons petits plats, les confitures et les gâteaux et plus personne n'arrivera à leurs chevilles. C'est ainsi que chaque génération se souvient ..... Je t'embrasse chère Françoise.

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    1. Et plus personne n'arrivera à leurs chevilles, en effet Lauriza, car même si nous avons leurs recettes, nous n'arriverons pas à faire aussi bien. Cela me rappelle mon beau-père. Il faisait une très bonne pâte à bugnes qui levait énormément. Nous avions beau faire la même recette, notre pâte s'obstinait à ne pas vouloir lever autant. Et nos bugnes évidemment n'égalaient en rien celles qu'il faisait. :-)
      Belle semaine à toi, Lauriza. Je t'embrasse.

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  7. Marcel Rufo je l'ai rencontré il y a quelques années à Notre Dame du Laus, dans les Alpes du Sud. Il y donnait une conférence... un être charismatique, et pourtant très simple, à l'approche facile... et à la fin du débat, j'ai ressenti le besoin d'acheter ce livre "détache-moi"... un très beau souvenir Françoise, qui illustre bien le thème de ton billet .... puis avec le temps l'absence s'estompe laissant une place plus importante à l'apaisement et peu à peu la pensée recrée la présence ou le souvenir...
    MERCI ET BONNE SOIREE.
    Je t'embrasse.
    Den

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    1. Oui, Den, avec le temps l'absence s'estompe. On n'oublie pas, mais on accepte, et on aime à ce moment-là se remémorer les bons souvenirs passés avec nos disparus. Parler d'eux leur permet de continuer à vivre, d'exister.
      Bonne soirée à toi et merci.
      Je t'embrasse.

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  8. " Le souvenir soigne la perte "

    Merci de m'avoir fait connaitre cette phrase.

    Bon samedi Françoise.

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    1. Bonsoir Pascal
      Oui, "Le souvenir soigne la perte". Et surtout, parler, parler de nos disparus, se remémorer des bons moments passés avec eux, sourire en pensant à eux. Je suis persuadée qu'ils ne sont jamais bien loin, et qu'ils nous sourient eux aussi.
      Une douce pensée à toi, Pascal, ainsi qu'à ta Maman qui vient de partir là-bas...
      Je t'embrasse.

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Merci pour vos petits mots que j'apprécie infiniment.

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