lundi 24 octobre 2016

La modération, un art de vivre

J'avais recopié ce texte de Pierre Rabhi il y a plusieurs mois. Je ne sais pas pourquoi je ne l'avais pas encore publié. C'est donc pour aujourd'hui.  Lisez-le, lentement, calmement. Il dit des trucs vraiment bien cet homme. :-)

« Il est dommage que le temps passé à essayer de savoir s'il existe une vie après la mort ne soit pas consacré à comprendre ce qu'est la vie, et, en comprenant son immense valeur, à agir pour en faire un chef-d'oeuvre inspiré par un humanisme vivant et actif, au sein duquel la modération serait un art de vivre. Il serait dommage, après avoir été repu de souffrance et de non-sens, de se demander au terme de sa propre vie non pas s'il existe une vie après la mort, mais s'il en existe vraiment une avant la mort, et ce qu'elle représente dans le mystère de la vie. Une existence accomplie se mesure-t-elle à la réussite économique, politique, ou autre ? Tout est élément éphémère dans ce fleuve peu tranquille que nous appelons l'histoire. Même ceux que nous nommons les "grands hommes" y disparaissent, ne laissant au creux de notre mémoire qu'une empreinte évanescente dans l'immensité infinie du silence. Toutes les disciplines scientifiques réunies ne peuvent nous éclairer, parce qu'elles ne nous donnent à comprendre que les fragments d'un phénomène qui échappe à la compréhension globale. Elles ont cependant le mérite, pour les âmes humbles, de mettre en évidence l'impossibilité pour la pensée, de nature limitée, de nous permettre l'accès à une réalité de nature illimitée. Cependant, lorsque la pensée prend conscience de ses limites, silencieuse, elle nous conduit jusqu'aux rivages de l'inconnu. Elle s'apaise alors, découvre la sobriété, et nous introduit à une contemplation dénuée de tout questionnement sans objet, de toute attente ou ambition, qui ouvre notre être profond à ce qui n'est réductible à aucun langage. Il est probable que le silence auquel se heurte notre désir de savoir l'essentiel de l'essentiel soit la cause de nos plus grands tourments, et transforme la vie en un enfermement, alors que l'univers tout entier nous invite à la liberté la plus absolue. Nos connaissances ont pu nous expliquer comment une humble graine germe et perpétue la vie, mais n'ont jamais élucidé le pourquoi de la vie. »
-> Pierre Rabhi (Vers la sobriété heureuse, p. 90-91)

6 commentaires:

  1. Belle réflexion de Pierre Rabhi. C'est exact que nous recherchons beaucoup plus s'il y a une vie après la mort. Mais au fait, pourquoi somme nous en vie ? En voilà une bonne question ! Bisous

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    1. Oui, Lauriza. J'aime beaucoup ce texte de Pierre Rabhi. C'est un sage.
      Belle soirée à toi. Bisous.

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  2. Bonjour Françoise.
    Je n'aime pas ce texte de Pierre Rabhi (que j'aime beaucoup pourtant).
    Je n'aime pas non plus le terme "modération", fausse panacée en trompe-l'œil.
    Et je n'aime pas que l'on oppose une idée à une autre quand la pertinence de l'une n'exclut nullement celle de l'autre.
    Enfin, une grande partie de la population se fiche pas mal de savoir s'il y a une vie après la mort, leur préoccupation étant d'assurer leur survie immédiate.
    Bises

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    1. Bonsoir Rom
      Merci pour ce commentaire qui me fait relire ce texte d'une autre manière, et qui me fera peut-être penser différemment. Je n'avais pas vu cela ainsi, ces personnes dont tu parles, et tout le reste, et c'est vrai que tu as raison.
      Bonne soirée à toi. Bises.

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  3. Faire l'éloge de la modération et de la sobriété ; en appeler à vivre le présent plutôt que d'attendre une bien hypothétique vie après la mort, tout cela me semble tout à fait sain.

    Merci pour ce partage, Françoise

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    1. Merci à toi, Pierre. :-)
      Un très beau week-end ensoleillé à toi.

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Merci pour vos petits mots que j'apprécie infiniment.

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